Un ciel ployant sous le poids des poupées momifiées

Des mondes qui se dévoilent, qui viennent d’être enfantés, des mondes de fées et de sorcières maléfiques qui se dévergondent ; des univers parallèles mais tout aussi maléfiques qui se diluent et qui diluent les nuits profanes. Des magiciens d’Oz qui dilapident leur fortune et qui les tutoient lorsque les années passent pour refaire d’autres mondes en prose ; des mondes qui s’inspirent des grands jours, à rêver de carnaval et d’aurores boréales.
Des Dents de Dragons qui s’émerveillent d’une idée disparue ; un monde qui balaye les futilités occidentales et des lettres romaines ou grecques qui ciblent la génération Z afin de la sublimer…
D’autres générations qui se perdent en chaotiques pensées, et je rêve de sentiments indicibles qui ne contiennent qu’un élément extravagant afin de les unir et les lier entre eux par un carcan de bois ; et sur les pontons, des écrivains qui font l’expérience de ce qu’ils cherchent à écrire pour tenter d’approcher une forme de vérité. Essentiellement christianisées, des contrées pour prédire leur descente vertigineuse. Et des vies qui se débrouillent pour atterrir au milieu des derniers vestiges des cités mystérieuses, tant d’animaux qui s’écroulent de fatigue à leurs suites. Un décor qui décalotte les longues pattes de l’araignée n’évoluant que dans le ciel ; un ciel qui craquèle sous le poids des poupées momifiés.
Des nuits qui se défoulent sous un néon improbable, des mains qui pelotent des robes de grès noir, appréciées lors des veillées d’armes ; une puissance extraterrestre, surnaturelle qui nous persuade de nous placer délibérément dans des situations périlleuses, grotesques ou humiliantes par pure conscience professionnelle.

La Vision Rouge

Au Kentucky, le ciel s’empourprera en janvier, ce sera peut-être mon premier voyage, et j’irais sûrement dans les champs de tabac pour sanctifier un quelconque lépreux, bien avant une nouvelle épidémie… À Lanzarote, le mois d’après, j’entendrais geindre l’orage, dans un rêve emboité dans un autre rêve.

Cette fois-ci en mars, sur la mer du Labrador, je claquerais tout mon or et vendrais ainsi toutes mes idées de sainteté pour financer des guerres larvées qui ne devraient plus être latentes pour bien longtemps. En avril, à Orlando, pour que de drôles de crevettes mutantes puissent éclore, j’analyserais le cerveau de Kubrick qui lui-seul sait démystifier les oracles. En mai, dans l’Oregon, le sang sombre de toute une kyrielle de krills péchés coagulera, je retrouverais une autre jeunesse, me frayant un chemin parmi trop de gamins, tous revenus à l’état sauvage…
En juin, dans l’ethnie des Jivaros, j’inventerais un nouveau courant, à mi-chemin entre l’orientalisme et le jacobinisme et je verrais grandir ici mes parents.

En juillet, sur la Nèthe, j’infuserais dans cette rivière de Belgique quelque chose qui sera loin d’être transcendant, alors de nouvelles méthodes d’éducation seront colportées et les mondes parallèles se livreront à des bastons féroces. En août, à New-York, avec des lignes et des avenues droites qui s’orienteront toutes de façon à faire passer de mode la neurologie, j’administrerais le pays de telle façon à ce que les casiers et les panneaux d’affichage soient couverts d’affiches orientales, jusqu’à ce qu’on les recycle et les réemploie au service des cinémas indépendants.

En septembre à Johannesburg, la valeur des enluminures commencera à croître rapidement, jusqu’elle se dévalue lorsque je me cotiserais avec Cassandre pour qu’on puisse rouler en décapotable sur le Strip africain. En octobre, je te raconterais mon rêve quand le ciel se violacera d’une lueur crépusculaire, quand il n’y aura sûrement plus les conséquences de leurs péchés. En novembre, nous aurons en notre possession les œufs du monstre ; ces œufs qui ont tant sommeillé jusqu’à donner naissance à la morbide Saison Rouge.

Et en décembre, il ne restera plus qu’une vingtaine d’enfants sur la planète : des enfants de fermiers, frappés par des maux redoutables du jour au lendemain et comme remède on devra annihiler leurs intrigants vertiges, leurs pernicieuses et insoutenables céphalées, et leurs neurasthénies totalement inexplicables…

Légendes urbaines

Structuration génétique et restructuration génétiquement modifiée pour un insecte, de type local, qui essaie d’échapper à la violence de la scie ; déficit calorique et hémorragie interne, en clouant ses ailes sur la porte des cabanes au fond du jardin ; ce que je fais aussi avec les pages de leurs livres.

Livre Sterling et Napoléon sonnant et trébuchant quand la violence de la scie ne répond qu’à mon manque d’argent… manque d’argent et manque d’imagination pour des blogs sans cerveau qui retournent mollement aux genèses anciennes afin de créer et de se recréer.

Plasticités et élasticités de ces cerveaux criminels quand, dans le ciel, les missiles tracent une ligne entre leur idée directrice et leur pigmentation. Noir Désir et Émeutes urbaines lorsque que la lame et la scie des légendes urbaines découpent les trois nuances du goudron, toutes situées un peu plus bas… s’effacent alors leurs enveloppes télépathiques au-dessus de ces mêmes nuances de goudron !

Pour des lunes enfiévrées !

« Des drogues pour te raconter mon rêve, des drogueries pour faire battre les ailes d’un couple de jars, des junkies pour que le ciel se violace d’une lueur crépusculaire, des ténèbres pour ne pas voir le résultat de leurs péchés. Des désirs ardents, brûlants pendant que les oeufs du monstre sommeillent dans nos sacs. Des gémissements de femmes en train de jouir pour attendre la funeste Éclosion qui donnera naissance à la morbide Saison Rouge. Des histoires sans début qui n’ont été créé que dans ce sens. »

Des films pornographiques pour méditer sur leur fin.
De la monnaie napoléonienne pour pas une pièce, pour pas un centime (peu importe si nous ne pouvons pas payer) et des scènes érotiques pour que la caméra puisse avoir cette noblesse d’esprit de se défenestrer. Alors en tournant comme des toupies, d’abord dans la direction du nord puis dans celle du sud, des lunes enfiévrées et la ferveur de tous les ébats amoureux !

Avoir un léger goût d’amertume

Ils avaient un goût de saphirs ou d’opales ces diables au corps qui remplaçaient nos reins à la place de nos Vessies de boeufs ; il avait un goût de journalisme Gonzo, ce côté obscur de la force qui, par tant d’erreurs pouvant être évitées, accumulait les brouillons ; mais elle avait un goût de félicité heureuse ma vision qui était claire et synchrone avec mes objectifs…

Ils avaient, dans la bouche, un goût de termitière, ces artisans de la fiction qui, pour une raison ou une autre, ne pouvait pas l’effacer cette histoire ; alors comment, par quel prodige cela pouvait-il se produire ? La réponse était simple mais elle aussi s’évanouissait dans le siphon qui avalait toutes nos vies antérieures gâchées.

Une réponse simple ; cependant, on la retrouvait à errer sur les terres sacrées d’Afrique, à ne pas savoir quoi faire de cette nymphette : elle avait un goût de papaye ou de café noir, ou mieux encore de petit matin à décrire dès potron-minet l’enfiévrement agitant les profondeurs, sous des plaques d’égout improbables. Et dans cet égout, drainée par les canalisations, la sarabande (qu’on ne voyait exclusivement que dans les bobines de films traînant jadis sur le marbre de nos palais) avait commencé son long voyage. Cette odyssée qui avait un goût de Jacinthe Amérindienne.

Et enfin, après son arrivée qu’on n’attendait plus, les toiles d’araignées et le parfum de l’automne s’étaient mis à flotter partout… elle arriva en jappant sur le dos d’un couple de jars et amenait dans ses bagages un remède que même les livres ne pouvaient pas prescrire.

Ainsi, pour conclure ce récit, je lui demandais de se tenir tranquille pendant que je lui lisais un ouvrage sacré de Montelarme Blanc-Sec. Un mélange de bouillie étrange et verdâtre et de kacha avait givré au pied du lit… il avait un goût charmant de jeunes veuves délaissées…

Émeutes

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Me réveillant juste avant la nuit, dehors, près de nos embarcations, des kayaks qu’on s’était bien gardé de montrer aux sauvages en les cachant sous d’épaisses bruyères et feuillages, je rejoignais notre corporation et nous nous préparions, après la descente périlleuse du Fleuve Sacré, pour la deuxième expédition ayant pour but les hauteurs d’une montagne réputée imprenable. Avant de partir pour de bon, on angoissait déjà sur les rumeurs comme quoi des nuées d’insectes nécrophages se nourrissaient d’êtres humains au sommet. Un aspect à ne pas négliger.
En haut, des têtes décapitées de gigantesques Statues Olmèques balisaient le sentier. Puis arrivant sur les lieux, parmi les baraquements, il y avait cet entrepôt mais ce qu’on voulait voir, c’était cette monstrueuse bibliothèque à l’intérieur. Les dos multicolores des livres s’étaient grisé, les angles de rayonnages s’étaient croisés et avaient échangé leurs places ; des bouquins en triste état qu’on avait laissé aux libres usages des Indigènes, le peuple inférieur, et en voyant le tableau, je pensais que notre oligarchie avait fabulé sur son pouvoir d’instruire et de croire que la culture à portée de main pour tous était une bonne chose et bien sous-estimé la volonté des aborigènes de s’extraire socialement. Et de s’intégrer. Et pendant que nos hélicoptères larguaient du haut des cimes du matériel pour prospecter et des denrées pour vivre, ou plutôt survivre quelques jours dans ces contreforts, je tournais les pages avidement d’un manifeste sur la nudité que nos sauvages avaient glissé sournoisement entre les ouvrages délaissés, tout en les photographiant des yeux. L’une des images sur laquelle on voyait de belles fouffes de jeunes filles vierges et radieuses, m’avait autant sidéré que séduit.
Je m’attendais à beaucoup de choses, sauf à ce qui allait arriver. Bien sûr on avait déjà anticipé leur révolte et leurs désirs d’émeutes, nous préparant à les voir surgir de leurs limbes ; on avait aussi, bien évidemment, bafoué les présages de leur Circé nous promettant l’apocalypse pour bientôt… et en admirant la lumière stellaire d’une lune qui avait la couleur du kéfir se flétrir, je m’aventurais du côté des ruines proches de l’entrepôt, elles étaient encore encadrées de murs vertigineux, et les tags qu’on pouvait lire racontait l’histoire d’une vengeance, d’un horizon de cendres.
Visitant une ancienne cellule sans portes ni fenêtres, j’entendis vêler au loin des bêtes rugissantes et démentes : en bas dans la vallée, bravant l’enfer du froid et de la faim, les séditieux s’attroupaient. Ils utilisaient des bestiaux sortant tous d’un bestiaire fantasmagorique et capable d’abattre une bonne partie de nos fantassins en nous écrasant. De sinistres créatures. Et l’attaque se fit avant la fin du crépuscule, ils semblaient tous surgir de nulle part.

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Nous étions plus que neuf survivants et plus personne dans la guilde n’obéissait aux ordres comme de ne pas se laisser encercler, et d’autres guerriers et Serviteurs de Satan qui maraudaient dans le coin alimentèrent encore leurs troupes, toujours plus nombreuses ; enfermés dans la plus haute tour de l’entrepôt nous restions cloitrés, en nous servant des meurtrières ; mais leurs flèches qui tournoyaient sans cesse dans l’air étaient responsable du fatras de chairs meurtris, annonçant que la bataille était perdue pour nous. Mais à la fin, me retrouvant le dernier homme encore debout, je patientais en restant silencieux, caché dans une brèche et ils décidèrent en fin de compte de rentrer, croyant nous avoir tous massacré ; et après de longues heures, je sortis de ma cachette et j’étais sur mes gardes au cas où ils reviendraient s’assurer de leur victoire.

Aujourd’hui en zonant encore du côté de l’ancien carnage, je pense à ce traître roué pour avoir changé de camps et nous avoir trahis en livrant des informations cruciales sur notre stratégie de combat. Et m’arrêtant à la fenêtre d’un van où quelques putes minaudent, je dévisage celle qui a des yeux d’onyx et des oreilles d’opales… Les cieux se nacrent à présent de noir, et quand je tire le rideau vert et me réfugie à l’intérieur, masqué par les vitres teintées en noires, je sais qu’il y a d’autres guerres qui se trament ; les puissantes armées souterraines sous la terre affrontent d’autres milices jusqu’à ce qu’il n’en reste rien. Enfin, entre les bras d’une femme vénale, je rejoins les rivages de ceux qui resteront neutres éternellement désormais et je m’endors sereinement…