C’était une vieille maison qu’on pénétrait sans parler, sans faire un seul bruit : le silence total. La maison : un vieux cube atrocement étroit avec Kaphrium descendant dans les profondeurs de la cave pour embraser la foule face à lui, et au soleil, se heurtant aux caméra-mans, crevant les hypothèses prévues pour la fin du monde.

Associant la magie de Baudelaire avec le juvénile Rimbaud, on sapait les fondations de ce monde qui sonnait le tocsin avant l’heure. Réhabilitant la maison à quelques centaines de mètres sous terre, j’imaginais ma vie dans le futur.
Au passé, l’enfant finissait son livre sur le romantisme de chaque univers, chaque refuge. La rétine de ses yeux tantôt bleue, tantôt verte, fit dérouler de côté et d’autre de la fente la longue histoire de sa jeunesse.

La maison était devenue un iceberg qui fleurissait à chaque printemps, qui attirait les belles dames en soin palliatif. Et là, sans avancer, sans regarder le tableau préraphaélite, je demeurai sur l’iceberg qui suivait le Titanic sans précipitation.

Sur cet iceberg perdu, on rêvait d’oies sauvages et d’abimes creusés par une nuit gercée de respiration reptilienne ; et elles avaient mal de penser à toutes ces si belles, ces si moches choses mes pensées mélancoliques.

Arrivés au paradis, une demeure tout aussi paumée, on rêvait de sorcier africain en mal d’horizon, adossé à un arbre, incandescent, et sciemment les actionnaires ne lésignaient pas sur ces rêveries créées de toutes pièces… Sous les pattes des fourmis, fascinée par mes proies, se trouvait leur originelle conception…

Je glissais sans contrôle sur le rebord du monde et plus je dérapais plus Corto avait cette connaissance intime que le trésor se trouvait sous la demi-lune, à travers ces textuelles escouades se résumant à un refrain fredonné dans la nuit.

Les forces spirituelles guidaient mes pas, je savais que je franchirais un jour l’espace reliant l’existence aux ténèbres, je n’avais plus besoin de mains ni de jambes ni de coeur qui tape… Ni même de fenêtres ouvertes sur les mers septentrionales ; des océans ou tout comme qui écrivaient leur perte : cette disparition des Hommes comme un documentaire gonzo qui inlassablement s’affichait sur les derniers postes de télévision mettant fin aux échos, aux rivages, au pluie froide d’incendie…

J’étudiais et me demandais comment coulait le lait des grands yacks quand les neiges encombraient les toits.

Noir Désir effectuant moult transes primitives dans nos MP3 solaires, jusqu’à migrer en dehors de leur système de notation musicale, dans l’ombre des géographies latentes.

Nous n’avions plus besoin de jambes ni de cœurs qui battent ; j’entendis soudain le cormoran des limbes appeler mon nom… Au Carnaval de la Grande Comédie, il me rejoignait enfin…

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